9 juillet 2009 – 15:11
Bonjour,
aujourd’hui j’ai bouclé mes soixante-dix ans et j’entame une étape cruciale de la vie.
Je ne m’en plainds pas.
Dans l’ensemble je n’en ai pas été lésé.
Je suis l’un des veinards qui ont été admis à l’école (la loi instituant l’école laique et obligatoire n’étant pas applicable aux “indigènes”).
Ce nom qui nous était donné m’incommodait .
Je le trouvais diminutif mème quand on atténuait sa signification. Je ne comprenais pas aussi pourquoi nous étions bloqués aux cours primaire pour nous en exclure à l’àge de 14 ans alors que l’accès aux cours secondaires était à notre portée. J’ai dù me débrouiller pour suivre des cours techniques. Quand je suis sortis de Thiersville, j’ai adopté le principe qu’un Thiersvillois n’était pas un traine savate et je me suis accroché pour ne pas rater mon avenir.
Puis les années de plomb et le service militaire.
J’y ai répondu au mème titre que des milliers de mes pareils. J’ai fais mes instructions à Hyères. En fin 1959 lors de la rupture du barrage de Fréjus, j’ai participé aux interventions de l’armée. En 1960 j’ai fais partie du corps qui a présenté les armes aux Présidents De Gaule et Eisenhower lors de leur visite de Toulon.
J’ai terminé mon service militaire en Algérie. Dans l’armée nous étions désignés par l’appelation de FSNA ( français de souche nord africaine) peut-ètre pour nous rappeler que nous n’étions pas des vrais français.
Pour nos autres camarades on n’appuyait pas sur la souche. Ils étaient français tout court. Puis les évènements se précipitèrent et nous entràmes dans une ère qui nous était inconnue et à laquelle nous n’étions pas préparés.
C’est vrai que j’étais pour le changement parce-que notre condition de subalternes n’était pas acceptables, mais je fais partie de ceux qui ne voulaient pas le départ des Européens, moins encore de la manière qu’il s’est fait.
Nous aurions à mon avis formé un ensemble grandiose. Seulement l’incompréhension était là et c’est dommage.
C’est dommage que les hommes qui ont réalisé une avancée fulgurante en technologie, soient restés figés à l’ère primitive en matière de coéxistance et de relation entre eux. C’est le drame de l’humanité.
Enfin, ma vie professionnelle a été tout à fait normale. Je n’ai jamais chomé jusqu’à la retraite.
J’ai eu des enfants qui ont grandit et certains d’entre eux sont devenus à leur tour parents d’où je suis grand père.
Je ne me ressens pas vieux et je ne veux pas me l’admettre. Je suis sensible à la beauté, je m’émeux devant les souffrances d’autrui, j’aime mon prochain et je ne compte de ma vie que “les jours ensoleillés”.
Si mon histoire pourrait ne pas intéresser, elle aura le mérite de rappeler que le Site Thiersville.fr existe et qu’il n’y a pas lieu de le laisser sombrer dans l’oubli.
Très cordialement.
par Mestefa Boutaiba
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