Une nuit au cinéma à Thiersville

10 décembre 2012 – 11:25

Par M.Boutaiba

 

Par souci de briser la monotonie,je relate un souvenir qui certainement mourra avec moi. Je ne sais pas à quel point il pourra intéresser et je demande à être pardonné dans le cas où je suis ennuyant.

A Thiersville il n’y avait pas les c commodités actuelles
La vie était simple mais le bonheur réel.

C’était plusieurs années avant l’ère de la télévision.Hormis les jeux de la rue ,il n’y avait d’autres distractions que les matchs de l’UST et le cinéma.Deux différents opérateurs de cinémas ambulants faisaient les tournées des villages alentour et se produisaient successivement, une fois par semaine chacun,l’un dans la salle de Madame Salva et l’autre dans celle de Madame Vessiot. Il n’y avait pas d’age pour entrer au cinéma.Les petits toujours très nombreux,accompagnés ou non y accédaient  comme les adultes et tous payaient le même prix, recettes obligeaient. La majorité était arabe.Les européens accompagnés ou pas étaient toujours minoritaires en nombre. Les gens prenaient places sur des longs bancs disposés par rangées et sur des chaises et des petits bancs que certains apportaient de chez eux.Enfin lorsqu’il n’y avait plus de payants, les portes se fermaient et la projection tant attendue commençait.

Je ne peux situer dans le temps mon histoire.Je me rappelle seulement que la place du village n’était pas réaménagée,les oliviers étaient là,et durant les vacances d’hiver.Le film affiché dans la salle de Madame Vessiot était d’aventures dans la jungle genre Tarzan intitulé « La captive aux yeux verts » avec Johnny Wesmuller incrustré à jamais dans ma mémoire. Nous raffolions de tels films , du western et tout ce qui était aventures.

Ce soir là il faisait grand froid.Nous étions une foule compacte agglutinée devant  la porte pour payer,tous pressés d’entrer afin d’échapper au froid et de choisir les places. Finalement moi et mon ami Habib Bichette (dcd le 23 aout 2012) entràmes. Mes deux frères plus àgés que moi n’y étaient pas alors que d’habitude ils ne rataient jamais ce genre de film. C’était étrange et cela aurait dù m’alerter. J’ai pensé que peut-ètre ils n’avaient pas d’argent pour payer leurs places.

Mais c’était tout autre chose. Ils s’étaient attardés et notre père,très sévère envers nous et qui avait en horreur le cinéma  nous l’interdisant formellement, avaient deviné leur intention , ferma la porte et garda la clé sur lui.

Quand nous sortimes du cinéma, il neigeait à gros flocons et tout était blanc. Les gens se dispersèrent rapidement. Moi et Habib étions voisins. Nous nous séparames allant chacun de son coté. Arrivé devant notre porte j’introduisis ma main par une petite fente sous la porte pour tirer la clé que nous avions l’habitude de mettre à cet endroit en  pareilles circonstances par complicité entre nous.

A ma grande stupeur, elle n’y était pas et il n’était pas question de frapper à la porte . Je n’osais pas subir la colère de mon père que je savais terrible à chaud. Je me résignai à la patience. Il neigeait encore et il faisait très froid. Devant notre maison il y avait un grand arbre sous lequel un tombereau me servit d’abrit dérisoire.

Je restai là tantot sautillant, tantot m’accroupissant en frottant et en soufflant sur mes mains. J’ai réussi à résister pendant plusieurs heures. Je savais que mon père sortait par tous les temps à l’appel du Muésin pour la prière du matin. Enfin ce moment arriva. Quand j’entendis ses pas derrière la porte, je courus dans le sens opposé à la direction qu’il devait prendre pour me cacher sous une porte. En sortant il tira la porte sans la fermer à clé.

Dès qu’il disparut au tournant je rejoignis ma place sous les couvertures en grelottant. Je ressentis une sensation si agréable que je ne saurai la décrire. A peine que je commençai à y prendre gout qu’il revint de la prière et sortit tout le monde du dessous des couvertures. Pour lui c’était l’heure de se lever. Je m’attendais à une réprimande, mais il n’en fut rien.

C’est à croire qu’il estimait que la punition était à sa juste mesure.

En conclusion, je dirai que moi comme beaucoup de mes pareils avons été petits , une étape de la vie, mais pas enfants parce-que jamais insouciants ni dépendants. Nous n’étions pas livrés à nous mème , mais nous apprenions dès le très bas àge à faire face aux responsabilités et aux viscitudes de la vie. En somme une formation de haut niveau.

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